Première réforme sociale de l’Homme fondée sur la liberté, l’égalité et la justice – une «Révolution française» imposée par un roi 4 400 ans avant le 14 juillet 1789

Cela fait près de 5000 ans que l’histoire se répète…

Hugo C.
5 min readJan 20, 2019
Le cône de la liberté de Urukagina. Musée du Louvres.

Comme le chante toujours si bien dans nos têtes et dans nos cœurs l’artiste Bob Marley : « pour connaître le future, il faut connaître l’histoire ».

Dans un monde où règne la division du travail, la spécialisation, quand l’histoire appartient aux historiens, et que la politique appartient aux politiciens, et que ces derniers sont un peu trop copains (car ils sortent des mêmes milieux, des mêmes écoles, etc), alors l’histoire ne sert plus d’outils d’introspection, et encore moins d’évolution, mais bien de manipulation.

En effet, c’est entre l’Egypte des pharaons et la Grèce antique, vers 2350 av. J.-C., que la Mésopotamie connut, à Sumer, des faits très similaires à ce qui se passe (encore) en ce moment en France et dans le monde.

Oui, comme nous allons le voir dans ce billet, l’histoire se répète inlassablement…

C’est pourquoi que je tiens aujourd’hui à vous raconter l’histoire d’Urukagina, chef de la cité sumérienne de Girsu, une ville de l’ancienne Sumer, située à environ 25 km au nord-ouest de Lagash, sur le site du gouvernorat moderne de Tell Telloh, Dhi Qar, en Irak.

Au cours de son règne, Urukagina mit en œuvre un ensemble considérable de lois garantissant des droits aux propriétaires, réformant l’administration civile et instituant des réformes morales et sociales.

Le cône de la liberté de Urukagina. Initiative Librairie Digitale Cunéiforme.

Urukagina, qui dirigea un mouvement populaire, fit aboutir un décret afin d’en finir avec la structure juridique et gouvernementale oppressive de la ville dont il venait de prendre les manettes. C’est ce que nous rapportent les tablettes sumériennes retrouvées lors des 2 siècles derniers. L’une d’entres elles a notamment été qualifiée par les académiciens « de précieux récit de la première réforme sociale de l’Homme fondée sur un sentiment de liberté, d’égalité et de justice – une «Révolution française» imposée par un roi 4 400 ans avant le 14 juillet 1789 ».

La tablette de cet incroyable décret énumère d’abord les « maux » de son temps, puis les réformes imposées. Et c’est précisément là où l’histoire se répète de manière flagrante : ces maux consistaient principalement à l’utilisation injuste et abusive du pouvoir par la classe dirigeante et dominante qui se gardait tout le meilleur pour elle-même, qui se gavait sur le dos des citoyens, à savoir l’abus de statut officiel, et parmi tant d’autres, l’extorsion du peuple par les impôts, tout comme la pratique de prix élevés imposés par de grands groupes monopolistiques. Toutes ces injustices, et bien d’autres encore, sont alors devenues interdites suite à la réforme. Par exemple, un fonctionnaire ne pouvait plus fixer son prix «pour un bon âne ou une maison». Un «grand homme» ne pouvait plus contraindre un citoyen commun. Les droits des aveugles, des pauvres, des veufs et des orphelins avaient aussi été réaffirmés. Une femme divorcée – il y a près de 5 000 ans – obtenait déjà la protection de la loi.

«Des frontières de Ningirsu à la mer, il y avait le percepteur des impôts.»

Urukagina interdit aux autorités civiles et ecclésiastiques de saisir des terres et des biens contre paiement, élimina la plupart des percepteurs d’impôts, et mit fin à la participation de l’État dans des domaines tels que les procédures de divorce et la fabrication de parfums. Qui plus est, des terres et d’autres biens que ses prédécesseurs avaient saisis furent rendus au peuple. Les réformes mirent fin aussi au recours abusif du processus judiciaire visant à extraire de l’argent aux citoyens.

Alors, sommes-nous si évolués que ça en France ? En Europe ? Dans le monde ?

Combien de millénaires avant de comprendre la supercherie qui nous enferme ? Le monde doit changer, muter profondément, et cette tâche nous revient. Cela semble bien parti avec le mouvement des Gillet Jaunes, mais nous avons en plus le devoir d’être plus attentif car nous nous sommes fait avoir lors de la révolution, lors de mai 68, et cela fait donc presque 5000 ans que cela dure, ce qui je l’espère, met les choses en perspective.

La question qui s’impose désormais à nous

Allons-nous laisser l’histoire se répéter encore longtemps comme ça ? Allons-nous enfin apprendre de l’histoire, et de nos ancêtres ?

Je crois que nous serons tous d’accord sur le fait non-négociable que nos descendants méritent mieux qu’un monde d’esclavage entretenu par un système fondé sur la dette éternelle et les fausses libertés qui ne profitent toujours qu’à ceux qui se croient et se placent au dessus de tous les autres…

Garantissons que l’histoire ne tombe plus dans les «oubliettes», et revenons aux tablettes !

Comme nous venons de le voir dans ce billet, les conditions d’oppression dans la ville avant les réformes ont été décrites dans le nouveau décret de réformes conservé en cunéiforme sur des tablettes de l’époque. Il faut reconnaître que nos supports digitaux ne traverseront pas le temps comme ces tablettes qui ne semblent plus si primitives maintenant, je l’espère. Soudain, dans cette histoire, elles prennent une dimension nettement supérieure. Elles nous parlent depuis le lointain passé, apparues comme des jokers que nous pouvons désormais poser sur la table du casino géant qui nous fait tourner indéfiniment dans ce manège, qui cherche à nous emporter à jamais dans son insatiable roulette russe perpétuellement en marche depuis que la civilisation existe.

Fragment of an inscription of Urukagina (Musée du Louvre)

Sources

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Hugo C.
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Written by Hugo C.

Quelle triste époque où il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé ou une croyance. ― A. Einstein

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